Verviers, 1957.
Travaille et vit à Bruxelles
Tout se passe comme si les créations de Gérald Dederen nous emmenaient à pas feutrés au cœur des interstices de l’âme de la matière. Là où l’espace et le temps de nos habitudes cessent au profit d’un acte de sculpture unique rythmant les matériaux en une pulsation élémentaire. Il y a même fort à parier que les nouvelles œuvres ainsi surgies simulent les méandres incertains de nos pensées les plus intimes. Tant de connexions apparemment simples qui pourtant ici nous enjoignent au laisser-faire de l’étain, des épingles, du graphite, de l’encre ou de l’image.
C’est leur pouls que le plasticien convoque. Dedans et dehors fusionnent pour éclater en un nouvel espace en gestation, tout comme passé et futur s’entrelacent en une nouvelle temporalité archaïque. Comble du paradoxe, le geste répété qui accumule et semble recommencer crée. Le tour de main de l’artiste innove après avoir désarticulé, tranché, enroulé, fondu et refondu encore. Explosion tout en implosion du même médium qui ouvre au-dedans à l’infini de soi et du monde. L’obsession du sculpteur est ouverte à l’imprévu, elle le désire à tout prix. Le sublime naît de presque rien, du peu engrangé patiemment. Du silence éternel des espaces infinis et infimes sourd la beauté telle quelle, à nu.
Robert Alexander
philosophe
août 2014